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LAM - Libres Apprenants du Monde -
25 juillet 2023

Le retour de l'autorité

Et le nouveau ministre de l'Education nationale est..... Gabriel Attal !

Ce jeune ambitieux passé de la gauche molle à la macronie sans sourciller a lancé sa carrière politique en mettant en place le fameux SNU (service national universel). Faut-il le rappeler, le SNU c'est, en vrac : le retour caché du service militaire, avec uniforme, salut au drapeau et chants patriotiques, des cas dénoncés de violences et harcèlement, des jeunes qui ont fait des malaises, l'impossibilité d'objecter, le chantage au permis de conduire, au Bac, et maintenant des avantages dans Parcousup pour les jeunes qui se plient à cette mascarade nationaliste avec encadrement militaire. Le SNU, c'est le projet nationaliste et militariste que G. Attal a élaboré et défendu pour qu'il soit appliqué, à terme, de façon obligatoire à toute la jeunesse.

Plus récemment, lors des émeutes ayant suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre, G. Attal a donné son point de vue sur le rôle des familles et de l'Etat dans l'éducation des jeunes personnes : « L'autorité commence dans les familles, grandit à l'école, et doit se retrouver partout dans la société. L'école doit donc être le lieu de l'apprentissage des savoirs et du respect de l'autorité, c'est non négociable.» (source le Figaro).
G. Attal fait donc porter la responsabilité de ces mouvements de colère au manque d'autorité envers les jeunes : selon lui, les familles devraient inculquer davantage l'autorité, l'école devrait leur emboîter le pas pour parfaire cette formation, et les jeunes n'ont plus qu'à respecter et suivre les figures d'autorité sans réfléchir.

Dans son discours accompagnant sa prise de fonction le 20 juillet 2023, G. Attal a exposé ses objectifs de travail. «Le premier objectif est de remettre le respect de l'autorité et des savoirs fondamentaux au cœur de l'école. Un lieu où s'exerce l'autorité du savoir, aucun enseignement n'est possible sans l'autorité du respect du savoir».
Si la phrase n'est pas très claire, ce n'est pas grave. Car en fait, personne ne l'écoute réellement. Mais on entend, on reprend, on lit partout ce mot-clef : autorité. Il revient 3 fois en deux phrases pour parler du premier objectif que G. Attal donne à l'école. Le premier objectif de l'école, sera désormais d'instaurer dans les têtes et dans les corps, l'autorité, encore plus fort qu'elle ne le fait déjà. L'autorité des savoirs, l'autorité du maître, l'autorité de l'Etat.

Bien sûr, tout cela, G. Attal l'enrobe et s'attache à montrer tous les avantages que cela apporte aux jeunes : ainsi, le SNU permet selon lui d'élargir les horizons de jeunes qui sans cela ne seraient jamais sortis de chez eux, permet heureusement de détecter des pathologies lors de visites médicales obligatoires, etc. Bref, le SNU, la coercition, l'autorité, tout ça, « c'est pour ton bien ».

Et on repense à Alice Miller (1).
Parce que qui mieux que G. Attal incarne aujourd'hui au sein du gouvernement cette « pédagogie noire » décrite par A. Miller ? La « pédagogie noire » c'est l’idée que l’enfant est mauvais par nature et qu’il faut le briser dès son plus jeune âge pour en faire un être docile et obéissant. Les châtiments physiques et psychologiques sont autant de moyens nécessaires pour obtenir cette obéissance absolue aux parents et aux personnes responsables. En arguant que c'est « pour le bien » des enfants, la pédagogie noire leur inculque dès le plus jeune âge un respect total de l’ordre établi et la soumission absolue aux lois et aux personnes dépositaires d'une autorité. L'enfant ainsi brisé deviendra un adulte qui d'une part restera soumis inconditionnellement à toute forme d'autorité, et d'autre part reproduira cette forme d'écrasement sur ses propres enfants, ses subalternes, son peuple. En étudiant le cas extrême d'A. Hitler, Alice Miller a montré qu'une éducation marquée par la violence et l'autoritarisme peut être aux origines des pires violences.

Attention, donc. Attention à celles et ceux qui nous servent les vieux discours réactionnaires des jeunes à qui il manque des coups de trique, de l'autorité y qu'ça d'vrai, du retour à l'uniforme, à la discipline et à l'obéissance aveugle. Les personnes qui tiennent ce genre de discours ne veulent pas de respect mutuel, d'émancipation, de bien-être. Tenir ces propos, c'est non seulement vouloir ouvertement piétiner les jeunes et leurs vies, mais c'est aussi jouer avec le feu d'une nation qui rêve de faire grandir ses jeunes dans un modèle autoritaire et mortifère.

(1)Lire « C'est pour ton bien » d'Alice Miller, ou le très bon article résumant cet ouvrage sur https://ligue-enseignement.be/alice-miller-et-la-pedagogie-noire

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Commentaires

Jiddu Krishnamurti a dit : 

Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade.

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