Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAM - Libres Apprenants du Monde -
21 août 2022

On est faits comme des rats

En octobre 2020, E. Macron faisait son fameux « discours des Mureaux », dans lequel il jetait les bases de ce qui deviendra la loi « séparatismes », puis la « loi confortant les valeurs de la République ». Dans cette loi dégoulinante de racisme, il en a profité pour glisser quelques sujets qui n'avaient rien à voir, et notamment, il en a profité pour annoncer sa volonté d'en finir avec « l'instruction en famille », ou la possibilité pour les jeunes de vivre, apprendre et grandir sans école.

 

Cela fait près de 25 ans que les lois se succèdent pour éradiquer cette possibilité de vivre en dehors des murs pour les jeunes. Depuis 1998 et Ségolène Royal, des lois se succèdent pour limiter le droit des jeunes à vivre et s'instruire librement. Macron a juste parachevé le travail. Comme il n'était pas simple de supprimer purement et simplement la liberté de l'instruction, liberté à valeur constitutionnelle en France, il a décidé que les familles devraient désormais demander l'autorisation de se passer de l’Éducation nationale à... l’Éducation nationale ! Demander l'autorisation de vivre comme elles le souhaitent...

 

Et ce qui devait arriver est arrivé : les refus d'autorisation pleuvent. Certaines académies sont championnes des refus, comme Dijon, Rennes, Orléans-Tours, Nice, Besançon ou encore Toulouse. Dans ces académies, les familles demandant l'autorisation pour la première fois sont refusées dans quasiment 100% des cas. L'instruction en famille va donc s'éteindre, car plus personne ne sera autorisé à vivre ainsi.

 

Mais pourquoi ? Pourquoi l’État veut-il la peau de cette infime minorité de jeunes, et pourquoi s'acharne-t-il ainsi depuis près de 25 ans ? Que font ces familles de si inacceptable ? Maltraitent-elles les jeunes ? Non, elles sont contrôlées chaque année, par leur mairie et l'académie, et les rapports attestent de la qualité de la vie et de l'instruction des jeunes. Fabriquent-elles des terroristes ? Non, tout le monde, y compris les services de l’État, s'accorde à dire que les familles sans école et le terrorisme n'ont aucun lien. Coûtent-elles trop cher ? Non plus, elles font plutôt faire des économies à ces chers contribuables. Mettent-elles l’État en danger ? Ha... en un sens, oui, probablement.

 

Car elles montrent que l'on peut se passer de ses services, que l'on peut s'auto-organiser pour instruire ensemble nos enfants dans le monde grand ouvert, que les jeunes humains n'ont pas besoin d'être contraints et enfermés pour apprendre, que le système évaluation-compétition ne sert qu'à broyer les gens, que l'on peut rejeter les diplômes comme on rejette l'argent ou le travail salarié, que l'on peut être heureux et libre autrement. L’État veut que tout le monde suive son modèle, celui dans lequel les gens se lèvent, vont s'asseoir à leur place, se taisent, demandent l'autorisation pour tout, travaillent, ont peur de la mauvaise note ou de la punition, et ferment leur gueule. L’État tente d'interdire toute forme de vie alternative, de l'accouchement à domicile à la vie en habitat léger, et cherche à contraindre tout le monde à s'asseoir à sa place.

 

Les jeunes sont une cible de choix, et l’État veut tout particulièrement les surveiller. De plus en plus, et de manière de plus en plus serrée. Récemment, E. Macron a montré combien il s'intéresse aux jeunes. Il y a eu le « Plan des 1000 premiers jours de la vie », l'obligation d'instruction à partir de 3 ans (et non plus 6), l'obligation de formation ou d'emploi entre 16 et 18 ans, le Service National Universel bientôt obligatoire (et qui s'étend jusqu'à 25 ans)... et l'obligation de scolarisation. Les jeunes sont bien nassés. Bien dans les mailles de l'Etat. Sous contrôle. Pas d'échappatoire. Certains collèges vont même jusqu'à faire porter aux jeunes des bracelets électroniques enregistrant leurs déplacements, à titre expérimental et pour leur bien-être nous dit-on, évidemment.

 

L'obligation scolaire est un maillon clef de cette chaîne tenue par l'Etat, car en plus d'imprimer bien fort dans les esprits et dans les corps la logique de l'obéissance et de la soumission, elle fait du tri social. Les pauvres, on va les laisser dépérir dans une école publique en pleine déliquescence, ils n'en seront que plus assignés à leur condition de prolo corvéables à merci. Pendant ce temps, les gosses de riches pourront aller s'abriter dans ces prisons dorées que l'on appelle « les écoles alternatives ». Mais il n'y a plus d'alternative à l'école.

 

Pour certaines familles, cette liberté n'est pas négociable. Alors les parents font des recours auprès de l'Education nationale, se font débouter, vont au tribunal, reçoivent des injonctions de scolariser leurs enfants, se battent. Certains ne trouvent pas de solution. Leurs enfants vont vivre une rentrée bien amère : ils seront scolarisés de force par l’État, parfois avant l'âge de 3 ans. D'autres pensent à devenir nomades ou à s'exiler. Fuir, si on peut, pour offrir une vie de liberté à ces jeunes. Partir. Parce qu'ici, « on est faits comme des rats ».

 

échappée

Publicité
Publicité
Commentaires

Jiddu Krishnamurti a dit : 

Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade.

Publicité
Dessin by AuЯRoR

dessin aurror je vis donc j'apprends

Si vous voulez proposer une contribution à ce blog, n'hésitez pas à nous contacter.

Archives
Newsletter
Publicité