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C’est simple : l’utilité majeure de l’école c’est que dans la succession des journées on ne sait pas quoi faire des enfants et des jeunes.

- On ne sait pas quoi en faire quand les parents sont obligés d'aller au boulot et rentrent lessivés le soir.

- On ne sait pas quoi en faire dans les entassements humains où ils sont condamnés à rester seuls dans quelques mètres carrés où il n’y a rien à faire.

- On ne sait pas quoi en faire quand ils sont au pied des immeubles, dans la rue ou dans les villages déserts où il n’y a rien à faire, tout au moins rien à faire qui soit autorisé.

- On ne sait pas quoi en faire quand leurs parents ne peuvent plus assurer leur état sécure ou leur subsistance.

- On ne sait pas quoi en faire quand il faudrait s’occuper d’eux, s’intéresser à eux et qu’on a bien d’autres soucis, quand ils gênent les occupations, prennent le temps des adultes qui voudraient un  peu s’occuper d’eux-mêmes pour ceux qui arrivent à avoir un peu de temps à eux.

Brutalement, c’est ça notre société.

Donc, il faut bien les déplacer et les mettre quelque part ! Les histoires d’apprentissages qui ne pourraient pas avoir lieu ailleurs, de la préparation d’un soi-disant avenir,  ne sont que le prétexte pour justifier un transvasement quotidien, un enfermement pour tranquilliser ou débarrasser tout le monde et permettre la poursuite d’une vie soi-disant sociale, certainement mortifère. Le futur déplacement quotidien obligatoire d’une population enfantine dès 3 ans n’offusque personne, ça arrange le fonctionnement d’une société robotisée où les enfants n’ont aucune place.

Qu’est-ce qu’on leur offre, pardon qu’est-ce qu’on leur impose ? L’entassement dans un autre espace où il n’y a rien à faire qu’à exécuter ce qu’on leur dit de faire. Près de 18 ans à rester assis, alignés, à obéir sans aucune initiative possible, à faire ce qu’aucun intérêt naturel les pousserait à faire, à ne pas exister en tant qu’enfants ou jeunes.

Et après, on s’étonne qu’il y en a qui réagissent incorrectement dans ce qui n’est que la réclamation instinctive, existentielle même si elle est maladroite,  d’être autre chose qu’un objet dont le seul but est de rester là où on le met[1]. C’est bien une violence, mais une réponse à une violence qui, elle, n’en porte pas le nom. Et ce sont les cris d’orfraie, l’offuscation médiatique, les nouvelles menaces qui empêcheront toute velléité de rébellion.

Cette société qui doit se débarrasser de ses enfants et de ses jeunes quelque part, elle ne changera pas du jour au lendemain, si tant est qu’elle prenne un jour conscience de ce qu’elle est.

Dans l’immédiat, puisqu’il faut bien que la majorité des enfants et des jeunes aient un espace qu’ils n’ont pas ou plus dans les familles et les cités, le simple bon sens ne serait-il pas que cet espace, malencontreusement appelé école, soit celui où ils puissent satisfaire leurs propres intérêts, leurs propres curiosités, leurs propres besoins, leurs propres relations, éprouver le plaisir, rire, faire librement, tout ceci parmi d’autres, avec d’autres … tout ce qui fait qu’un être humain est autre choses que de la peau, des os et des organes (même plus en bonne santé aujourd’hui !), tout ce qui fait que l’on se construit en une espèce sociale.

Y aurait-il encore ces violences, que j’ose dire légitimes,  si chacun de ces enfants et de ces jeunes trouvait dans l’école ce qui fait l’intérêt d’y aller et d’y vivre ? Leur intérêt bien sûr, celui qu’on appelle intrinsèque, pas l’intérêt artificiel qu’une institution veut qu’ils aient de gré ou de force.

Mais  les apprentissages me direz-vous et ce que tout le monde dit ? Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir : les exemples foisonnent de plus en plus où il est démontré, constaté que tous les apprentissages se construisent naturellement et bien mieux dans ce qu’on appelle « alternatif » ou de 3ème type qui ne sont pas des jungles contrairement à notre société qui, finalement est, elle, la jungle productrice de violences de toute sorte.


[1] Je fais allusion à l’adolescent qui avait menacé sa profe avec un faux pistolet pour qu’elle ne le marque pas absent dans le cahier d’appel.