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LAM - Libres Apprenants du Monde -
19 septembre 2019

- Ayez confianssssssss...

"l'école de la confiance mon cul"... voila, on y est : la loi et le décret sont sortis, et tout ça est applicable dès cette rentrée. On connait donc le texte final, et on sait maintenant à quelle sauce nous allons être mangés. Prends ta respiration, voila le récap :

- les enfants non scolarisés devront être déclarés en mairie et à l'académie du lieu de résidence dès 2 ans et 8 mois (car l'obligation d'instruction concerne tous les enfants ayant 3 ans dans l'année) ; les enfants seront donc soumis à ces deux contrôles dès 3 ans.

- une nouveauté : deux visites médicales deviennent obligatoires pour les enfants à 3-4 ans puis à 5 ans. Il est prévu qu'elles portent en particulier sur l'acquisition du langage et les troubles des apprentissages. Personnellement, je redoute plusieurs choses : cela pourrait assez rapidement tourner en une sorte de police des mœurs chargée de contrôler les pratiques des familles via les enfants (cela se voit déjà un peu dans les contrôles de la mairie, aux cours desquels certaines familles se voient questionner sur leurs pratiques alimentaires par exemple). D'autre part, j'y reviendrai plus loin, mettre la pression aux enfants sur le langage et les apprentissages dès 3 ans est absurde.

- une autre nouveauté vachement sympa : l'académie a la possibilité de procéder à des contrôles "inopinés"... ouais ouais, ils peuvent désormais se pointer chez nous, sans prévenir, comme ça. Moi, perso, j'hallucine... j'ai pas de mots pour dire ma rage de cette mesure non seulement incroyablement liberticide, mais en plus, qui fait passer les familles pour des suspects sous surveilance permanente.

- le contrôle de la mairie reste inchangé (son objet est de connaître les motivations des familles à pratiquer l'instruction hors école, l'organisation mise en place par la famille pour assurer l'instruction de l'enfant, et savoir si l'enfant rencontre une situation de santé particulière) mais les familles recevront désormais un rapport suite à ce contrôle, ce qui n'était pas le cas.

- le contrôle académique concerne donc lui aussi les enfants dès 3 ans. Il s'agira donc de vérifier, dès ce très jeune âge, les acquisitions des enfants. Les familles restent pour l'instant dans le flou total quant au contenu des apprentissages que l'on va désormais exiger de leurs tout petits. Mais une chose est certaine, ces contrôles désormais précoces ne peuvent que nuire aux apprentissages des enfants. C'est un âge auquel les enfants ne devraient se préoccuper que de jouer, sans attente de la part des adultes. Toutes les études en neurosciences le confirment : les enfants apprennent par le jeu, d'autant mieux lorsqu'il n'y a pas de pression sur leurs épaules et pas d'évaluation. L'idéal serait que les enfants puissent mener leurs apprentissages à leur rythme, dans un environnement sécurisant et par le jeu... tout l'inverse de ce que cette nouvelle disposition met en place : contrôles des acquisitions, évaluations et programmes imposés dès le plus jeune âge. Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête de ces très jeunes enfants : s'ils échouent, au bout du second contrôle négatif, ils seront scolarisés d'office. Ceci n'est en rien un cadre permettant des apprentissages sereins, cela ne laisse aucune place à la curiosité spontanée des enfants, au respect de leurs rythmes individuels, de leurs intérêts et de leurs capacités. Bref, toute la richesse de l'instruction en famille en prend un coup.

Concernant le contrôle académique, d'autres subtilités apparaissent :
- la loi ne mentionne plus que les personnes chargées de l'inspection doivent "tenir compte des méthodes pédagogiques des familles"... cette mention n'est plus présente que dans un décret, qui deviendra caduque lorsque celui lié à cette nouvelle loi sera appliqué... il y a fort à parier que cette mention n'y sera plus.
- au contraire, la loi stipule bien clairement que les modalités du contrôle reviennent désormais uniquement aux personnes chargées du contrôle, sans appel possible de la part des familles pour que les exercices soient adaptés par exemple à une pédagogie particulière
- seules les familles pouvant arguer d'un trouble attesté pourront demander quelques aménagements (mais lesquels ? cela n'est pas précisé non plus...)
- si deux contrôles se révèlent négatifs, la famille recevra une injonction de scolarisation, non seulement pour la fin d'année en cours, comme c'était le cas jusqu'à présent, mais également jusqu'à la fin de l'année suivante... je pense ici aux enfants qui sont déscolarisés pour phobie scolaire ou suite à du harcèlement (ce qui est de plus en plus fréquent), et que l'on va, s'ils ne réussissent pas leurs contrôles comme l'attendent les inspecteurs ou inspectrices, renvoyer pendant presque deux années scolaires dans un établissement...

- concernant les jeunes entre 16 et 18 ans, le texte mentionne qu'ils doivent obligatoirement se trouver dans un établissement de formation, d'instruction ou dans le milieu professionnel. Les jeunes en instruction en famille sont les grands oubliés de ce texte... quid ? seront-ils obligés d'intégrer pendant 2 années un établissement ? rien ne précise leur cas, ce qui n'est pas rassurant.

Voila pour les modifications concernant les familles qui instruisent leurs enfants... Vous l'aurez compris, comme nous le craignions il y a quelques mois, notre liberté d'instruire autrement nos enfants se réduit encore, et les contrôles ne font que se renforcer et concernent désormais des enfants de plus en plus jeunes. Alors que de nombreuses familles se tournent vers des solutions de vie alternatives à l'école pour permettre aux enfants de vivre une véritable vie d'enfants, loin des compétition, programmes imposés et évaluations, alors que l'on entend de plus en plus parler de respect de l'enfant, de bienveillance éducative et d'alternatives pédagogiques, l'éducation nationale resserre son étau autour des enfants et continue à restreindre leurs libertés.

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Commentaires
-
Bonjour, <br /> <br /> Il est très complexe de répondre simplement à cette question. Dans les textes de lois, il n'est pas possible de refuser ainsi un contrôle. Dans les faits, certaines familles le font, s'engageant dans des bras de fer avec l'administration. Vous pouvez vous rapprocher des associations nationales d'IEF via leur site ou en y adhérant et accéder aux discussions entre membres ou d'autres collectifs tels Enfance Libre qui fait un travail formidable de communication autour de cette question et tant d'autres. Les liens se trouvent dans le menu de droite à la rubrique "collectifs, groupes, assos". <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée, désolée pour le délai de réponse.
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V
C'est vrai que cette loi restreint encore plus le cadre de la non scolarisation. Au niveau médical, on peut choisir son médecin qui est en général bienveillant sinon il suffit d'en changer....pour le moment...<br /> <br /> Comment ca se passe si on renvoie une lettre à l'inspecteur en disant qu'on refuse le controle car on a décidé d'être hors education nationale et qu'on ne comprend donc pas que l'on soit evalué sur le programme de l'éducation nationale puisqu'on en fait pas partie....mais qu'on sera là quand meme. merci
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Jiddu Krishnamurti a dit : 

Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade.

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