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LAM - Libres Apprenants du Monde -
28 juillet 2018

- De la parentalité à la vie politique.

*note de l'auteur.e ( anonyme) : à aucun moment, ce texte n'a valeur de vérité. Il s'agit uniquement d'une réfléxion intérieure. Chacun en fait ce qu'il en veut : il prend, il laisse*

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Quand je vois ces 23 ans fumés, complètement hors d'eux mêmes, qui cherchent à être hors d'eux mêmes pour être hors du monde, hors de cette vie dont ils ne veulent pas …

Quand je vois ces 23 ans qui luttent dans des champs, ancrés dans leurs bottes ( ou pas) mais en tous cas dans leurs convictions du moment et même si elles ne sont que partielles parce qu'ils refusent ce monde dont ils ne veulent pas, parce qu'ils disent non à cette vie qu'on voudrait leur imposer …

Quand je fais le tour de tout ce dont se plaignent mes deux exemplaires côtoyés au quotidien ou ce qui causera les conflits…je réfléchis. J'essaie de trouver les faits, les réalités communes qui ont amené telle distorsion ou telle force.

Qu'est ce qui a construit les uns et les autres ? Qu'est ce qui nourrit chacun de nous afin qu' on pousse, grandisse et puissions tenir debout ? Quel est le point fondamental chez ceux qui fuient ? Ceux qui luttent ? De quoi parle l'ensemble ?

 Chez les abîmés, la mère, la mère, la mère. Encore, toujours, chaque fois, sans aucune exception, sans même l'ombre d'un minime cas particulier. La mère a failli dans son rôle. A noter que je n'ai pas dit dans sa tâche mais dans son rôle. Lequel ? Celui de protéger son enfant. Ce point crucial sur lequel repose la survie d'un petit dans une espèce.

Toutes, je dis bien toutes, s'en référaient au père ( quand il était là) pour régler un problème. Lequel père ne réglait rien mais faisait plier ( à force de coups. Rapidité et efficacité). Ces femmes, qui, par ailleurs, étaient infiniment respectables du point de vue de la tenue de leur maison, des qualités de leur repas ou de leur attention portée à leur corps physique. Elles s'occupent d'elles, elles savent prendre soin d'elles.

Que se passe t'il chez ces petits ? Chez ces cerveaux/corps tous neufs qui absorbent avidement leur environnement ? Je n'ai personne sur qui me reposer, à qui me fier, vers qui je peux me tourner. Les relations entre humains ne se règlent que par la violence, la défiance et le mensonge. Je suis seul. Je ne peux compter que sur moi même. Même mes plus proches ne sont pas dignes de confiance, et donc intrinsèquement, de respect et d'attentions. Comment puis je survivre ? La fuite ou l'affrontement. L'affrontement quand j'ai deux ans et que je mesure 80 cms …. L'affrontement quand j'ai 14 ans, que mon corps est fatigué parce qu'en train de changer et que j'ai envie d'être aimé … Je vais préférer m'insérer dans un groupe où, enfin !, pour la première fois, je peux relâcher la pression, où je ne suis plus en danger. Ne pas être en sécurité depuis tant de temps ! Au sein même du nid qui est sensé être douillet ! Et l'escalade peut commencer ensuite.

Un fil rouge que l'on retrouve aussi c'est une non-acceptation, une écorchure profonde persistante avec un pourquoi hurlant au fond de chacun : POURQUOI on ne m'a pas aimé ? Pourquoi on m'a fait du mal ?

Chez les lutteurs, les profils sont plus flous. La résilience a peut être été mise en œuvre par un biais ou un autre. Peut être un point d'ancrage a existé : un centre d'intérêt possible, un référent ponctuel, une hostilité moins prégnante, en somme, un tuteur aussi faible soit il qui a permis au tronc de se renforcer un minimum.

 Alors voilà pourquoi je m'énerve autant quand, fatiguée et lasse, j'exprime mon découragement, on me répond «  Hey, arrête de les couver, prends soin de toi » Il se peut que je me trompe de danger à des moments. Mais je préfère ça à un abandon délibéré et complet. Si j'ai une seule responsabilité vis à vis d'eux, c'est celle là : celle de les entendre, de les voir et leur apporter mon soutien. Aussi maladroit soit il, aussi décalé soit il, aussi inapproprié soit il.

C'est cela qui manque à tous ces abîmés de l'âme. Ils ont enregistré qu'ils vivaient dans un environnement hostile, où il était définitivement vain de chercher un refuge ou un point d'ancrage et que s'ils voulaient rester « en vie » leur seule issue était le mode débrouille. Comme ce n'est définitivement pas possible sur le long terme, assez basique de comprendre ça, les béquilles, les tuteurs tellement absents, seront trouvés dans des produits, des « objets » qui remplissent. Comme le sein est remplacé par la sucette …… point mummy atteint :-D

Bien entendu, je n'ai pas parlé des morts ( tous les « réussissants ») eux, leur profil est encore différent. Probablement similaires dans le renoncement parental, ils ont été tués peu de temps après être nés. Ils n'ont pas lutté ou peu, c'était trop dur d'entrée, ils n'étaient pas armés du tout. Fin de l'histoire. Ils mettent qui une cravate, qui un collier joli en grandissant et c'en est fini. On ne peut plus grand-chose pour eux. Ou alors, il leur faudra une petite mort pour renaître de leurs cendres … ça peut arriver, on voit ça quelques fois.

 Alors, ce jour, je me dis que quand on se demande si on fait bien ou mal avec nos enfants, je crois que la seule question à se poser réellement est celle ci : est ce qu'il sait que lorsqu'il a un problème, je peux être un soutien, aussi bancal soit il ? Et ce, à la première seconde où il existe ! Dés qu'il est en formation ! Le porter, c'est le porter en soi, dans son cerveau autant que dans son ventre. C'est agir avec lui, avec sa présence, avec son existence, avec. C'est bien au-delà du repas équilibré ou de l'habit chaud quand il fait froid. Ça, ce n'est qu'une des infinies manifestations que l'on peut avoir. Non, non, ce n'est pas lui apprendre à dire merci ou comment se coiffer. Agir avec, ce sera l'accompagner dans ses pleurs, lui montrer la beauté des fleurs comme la laideur du béton. Ce sera réparer le jouet cassé comme refuser le troisième exemplaire de la même petite voiture. Ce sera lui apprendre à faire seul tout autant que faire pour lui parfois, quand il sera fatigué, quand il ne pourra pas, pour quelques raisons que ce soit.

Etre un parent, c'est juste être une personne responsable de soi même et de quelqu'un d'autre qui deviendra à son tour responsable de lui même et des autres …. à sa façon, selon les possibilités, sous diverses formes.

Alors tous ces enfants à qui on n'a donné que de la violence, qui ont pû rester en vie malgré l'environnement hostile qui leur était donné, ne sont pas devenus des adultes capables de paix et de respect. On ne peut pas redistribuer quelque chose qu'on n'a pas reçu. C'est une lapalissade.

Tous les parents sont bancals. Plus ou moins. Parfois toujours plus, parfois souvent moins. Mais certains ne sont pas parents tout court. Et une constante chez ces gens là pour les reconnaître ( et c'est une certitude dont je ne démordrai pas) : ils ne se posent aucune question existentielle sur leurs actes. Parfois on pourrait penser que si, mais il faut être vigilant. Ce n'est juste qu'un masque qui cache leur recherche pathologique à se débarrasser de cette tâche. De ce rôle donc, de cette place qu'ils se sont sentis obligés de prendre …..

Et quand je vois ce
rtaines vidéos où s’exprime la violence étatique, la violence ordonnée et autorisée par l’état … je me dis que c'est vraiment le même processus. Les parents sont totalement défaillants. Le peuple n'est pas un enfant au sens « incapable de ceci ou cela » mais a seulement besoin de coordination, d'appuis et il sera capable de croître harmonieusement. Mais ces parents là ne savent que user de bâtons ou de dénis pour pouvoir mieux ne pas endosser les obligations. Alors comme les jeunes adultes, le peuple se partage en plusieurs groupes, les déjà morts, les fuyants et les lutteurs. Comme à ces parents qui diront «  Ce n'est pas ma faute », à ces dirigeants je dirais simplement «  Mais pourquoi ? Pourquoi tu es là ? Tu y es, c'est un fait. Tu n'as comme seuls choix que ceux de choisir entre les diverses modalités de jouer la pièce. Mais elle se jouera de toutes façons. Le rideau s'est levé au moment où tu as mis la cravate/ fais l'amour sans contraception »

Alors ouais,c'est chose pas facile tout ça. Mais les choix sont à chaque croisement de route et quand tu choisis d'aller à droite prendre l'autoroute plutôt que la route de campagne, tu sais qu'il y aura un péage. Et tu sais qu'il faudra le payer. Ce sont ces péages là qui ne sont pas réglés par tous ces parents. Et non seulement ils pètent la barrière mais surtout, surtout, ils défoncent le bitume pour les suivants, et c'est ça qui est grave.

Qu'on cherche pendant trois plombes comment le payer avec des pièces de 1 centime, qu'on perde sa carte bleue dans le foutoir de sa voiture à certains … ok … c'est la réalité. Mais quoi ? On continue à chercher comment régler ce foutu droit à continuer sa route.
Et tu as le choix aussi de tourner à gauche, de ne pas jamais aller à 130 parce que la configuration du trajet ne le permettra pas. Ce ne sera pas pareil. Ce sera des nids de poule à contourner, des branches en travers de la route ou que sais je.

Chaque route a ses ornières.

 Alors, si je parviens à faire une conclusion, je dirais que ce n'est même pas de se dire «  est ce que je suis capable ou pas. Est ce que j'ai envie ou pas.» c'est davantage «  est ce que je suis quelqu'un de responsable ? » Et ce sera la seule condition qui permettra d'arriver au bout dignement, sans trop avoir gâché une vie. Qu'on prenne cette autoroute ou cette route de campagne. Peu importe au final. Qu'on ait des enfants ou des lapins. L'important, le crucial, le vital est d'acter en conscience, en respect. Parce que quoi qu'on fasse, avec ses enfants ou sans en avoir, ça a une répercussion, ça change la donne pour quelqu'un d'autre. Il me semble en tous cas.

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Commentaires

Jiddu Krishnamurti a dit : 

Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade.

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