- Chagrin d'école de D. Pennac

< critique personnelle >

Un livre écrit par un cancre devenu professeur à bonne mémoire.

Je ne dirais pas passionnant mais agréable comme une histoire au coin d'un feu.

Le style d'écriture me perd un peu, parce que je me laisse bercer principalement. Il fait aussi pas mal d'aller retour entre son enfance, ses souvenirs de professeurs et des rencontres postérieures d'anciens élèves.

Mais ce n'est peut être pas pour rien. Puisque son livre, avant même de traiter d'échec scolaire, s'étend et se répand sur la trame du temps. Ce qu'est le passé pour le futur quand il opprime le présent, ou ce que le futur ne peut pas être à force de ramener le passé dans le présent ou … bref … voilà le résumé de ce livre : comment notre découpage du temps détermine notre devenir. 

Un passage excellentissime est celui sur le pouvoir ! Ô combien applicable en toute circonstance.

" Féroce candeur des majorités de pouvoir ... Ah! les tenants d'une norme, et quelle qu'elle soit : norme culturelle, norme familiale, norme d'entreprise, norme politique, norme religieuse, norme de clan, de club, de bande, de quartier, norme de la santé, norme du muscle ou de la cervelle... Comme ils se rétractent dés qu'ils flairent l'incompréhensible, les gardiens de la norme, comme ils se vient en résistants alors, on les jugerait seuls face à un complot universel ! Cette peur d'être menacé par ce qui sort du moule ... Ah, la férocité du puissant quand il joue les victimes ! Du nanti quand la pauvreté campe à sa porte ! Du couple estampillé devant la divorcée briseuse de ménage ! De l'enraciné flairant le diasporique ! Du croyant pointant le mécréant ! Du diplômé considérant l'insondable crétin ! De l'imbécile fier d'être né quelque part ! Et ça vaut pour le petit caïd de banlieue suspectant l'ennemi du trottoir d'en face ... Comme ils deviennent dangereux, ceux qui ont compris les codes, face à ceux qui ne les possèdent pas !
Même les enfants doivent s'en méfier. "
 

Alors que je suis en train de le terminer, c'est un de ces livres à mettre sur l'étagère «  références à user et abuser»

Alors qu'il donne son avis sur les dictées et les textes à apprendre par cœur ( avis favorable) je ne peux que me dire que ses mots à lui pourraient tout aussi bien être mémorisés et dits en lieu et place des miens quand je me retrouve à court d'arguments et d'énergie face à l'abrutissement généralisé.

Ils resteront un terrible et magnifique témoignage d'un temps ancien où les "moins de vingt ans" avaient encore un protecteur bienveillant à leurs côtés. Pauvres d'eux quand il n'y aura plus personne …

Monsieur Pennac que je ne connais que par ce livre à ce jour, vous semblez être un être humain dans toute sa splendeur, avec sa lucidité qui amène l'auto-critique permanente, avec son attention qui amène l'Amour.

 Une citation donnée pour finir :

 «  Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez » 

Marivaux – Le jeu de l'amour et du hasard.

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Résumé de l'éditeur :

Chagrin d'école, dans la lignée de Comme un roman, aborde la question de l'école du point de vue de l'élève, et en l'occurrence du mauvais élève. Daniel Pennac, ancien cancre lui-même, étudie cette figure du folklore populaire en lui donnant ses lettres de noblesse, en lui restituant aussi son poids d'angoisse et de douleur. Le livre mêle les souvenirs autobiographiques et les réflexions sur la pédagogie, sur les dysfonctionnements de l'institution scolaire, sur le rôle des parents et de la famille, sur le jeunisme perturbateur, sur le rôle de la télévision et des modes de communication modernes, sur la soif de savoir et d'apprendre qui, contrairement aux idées reçues, anime les jeunes d'aujourd'hui comme ceux d'hier.