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LAM - Libres Apprenants du Monde -
25 juillet 2018

- Les enfants d'abord de C.Rochefort

<Critique personnelle>

 Faire un résumé de ce livre …. j’ai beaucoup très peur de l’abîmer, mais tant pis, allons y.

 Ce livre est un pamphlet. Sur l’ensemble et la totalité de notre société. Oui celle là, la civilisée. Pamphlet pour la force de l’écrit. On ne sourit pas beaucoup dans cet essai. Tant elle y dit des vérités nues et crues.

 Elle les étale, là, sur la table. Sans avoir dressé les couverts, on mangera avec les doigts. Mais faudra tout avaler jusqu’au bout. Et probablement en reprendre, revenir sur des passages, et laisser la digestion se faire. Et finir les restes.

 Ecrit en 76. Il y a quarante un ans. Je me suis demandée comment elle savait certaines choses dont elle parle. Ça existait déjà ? J’y ai vu à certaines pages, des évocations de ce qu’on appelle désormais les neuro sciences. Mais d’où sortait elle ce savoir sur le fonctionnement du cerveau ? Les IRM n’existaient pas encore ….

 Et donc elle écrit avec une rage sourde qui a du faire fermer le livre à la dixième page à plus d’un, Elle va dé-peloter, détaillé, dans les raisons comme dans les effets, la destruction de vie qui se fait pour tout un chacun. On y sent de la tristesse aussi. En tous cas j’en ai eu. Comment ne pas ? Comment ne pas en ressentir quand on constate le gâchis qui est fait avec nos vies, celles de nos enfants, celles de nous enfants.

 Nous ne sommes que poussières, c’est entendu. Mais quitte à l’être, ne peut on, justement en tout humilité, passer et ne pas nuire et prendre plaisir à être ?

 De toute évidence, c’est difficile. Parce que ça nuit au système. Mais si ! Le système, celui dans lequel on est, celui qui nous régente, qui nous réduit en bouillie, qui phagocyte notre pulsion de vie pour la mettre à son service.

Et cette organisation si bien huilée utilise … l’enfant, que nous avons tous été. Oui, un grand nombre a oublié. Elle en parle. Dans cette verticalité non discutable ( on a dit non discutable, pas la peine de chercher des moments dans l’histoire où elle a seulement vacillé, sinon peut être en 1968, mais elle s’est très vite reprise) dans cette verticalité donc, l’enfant est celui qui est tout là bas, là bas, tout petit. Celui qu’on n’entend jamais, celui qui n’est là que pour faciliter l’oppression du niveau supérieur : la femme.

 Ce livre devrait être une bible. Au milieu de ce fatras de manuels de parentalité qui ne font qu’enfoncer le clou : «  Sois un bon parent, tu seras aimé », ce livre là prend le problème à bras le corps, le secoue, le renverse et il n’en reste que l’essentiel : qu’est ce que l’amour ?

 Est ce de l’autorité ? Le pouvoir ne le castre t’il pas ? Quel droit a un enfant ? A t’il le DROIT de travailler ? ( ah.oui. Ça secoue. j’avais prévenu) S’il veut travailler, pourquoi ne pourrait il pas ? Peut il partir de la maison où il vit s’il ne s’y plaît pas ? Quand est il écouté ? Comment le reçoit-on à la naissance ? ( bon, là, je vais pas m’étendre sur le sujet. En une page, elle dit tout) Qu’est ce qui fait qu’on oublie qu’on en a été un ? Pourquoi ne nous souvenons nous pas de nos ressentis ? De nos rébellions que nous aurions pu mettre en œuvre ?

 L’enfant ne peut pas se défendre seul. Il a le statut d’un esclave, droit de mort exclu ( pas depuis très longtemps non plus, il ne faut pas exagérer). Non, non, elle ne parle pas des enfants dans les pays du tiers monde. Non, non, les nôtres, avec leurs montagnes de cadeaux à Noël qui les prépare au capitalisme, à perpétrer le sentiment de désir inassouvi qu’on lui inflige depuis qu’il est né.

 Désir. Aimer. Vie. Sont les mots qui reviennent le plus. IN-TER-DIT. Ça ferait basculer le système.

Oh, il y a bien, à chaque génération, des survivants. Qu’on dira anormaux, qu’on musellera, quitte à user de chimie s’il le faut pour certains.

 Car la machine veille. Tout le temps. Parce que le point de détail compliqué dans cette affaire est que chaque enfant qui naît, le fait avec cette force de vie, toute nouvelle. Et il faut donc recommencer à faire taire, par tous les moyens, pour que les outils de production restent dociles. Quoi de plus sécure que de s’allier des oppresseurs-opprimés pour faire le boulot : j’ai nommé sainte mère …. Elle ne défendra pas plus opprimé qu’elle, cela lui enlèverait le pouvoir qu’elle croit avoir, qu’on lui a dit « naturel » d’avoir, et quoiqu’il en soit, le seul qu’elle ait…

 Enfin voilà, c’est le SEUL livre lu à ce jour qui ne parle pas -des- sur les – au sujet des- enfants mais qui fait parler les enfants, qui est POUR les enfants. ( oui, elle parle aussi de la lecture enfantine)

Il faut lire ce livre, ça ne sauvera probablement pas notre monde,  mais ça met un peu de baume sur les plaies de certains, ça en encourage d’autres. Peu importe. Ça ne laisse pas indifférent. Ça ne peut pas laisser indifférent. Ou alors t’es encore plus mort que ce tu croyais.

 Finissons avec ça :

 «  tous les hommes naissent libres et égaux en droits »

 ….. On passera sur le fait que les femmes ne sont pas mentionnées, ça commence à s’entendre un peu … mais …. libres et égaux en droits ? Naissent ? Tous ? Hum-hum puis je me permettre ? J’ai 3 ans et je décide que je veux aller me promener. Le puis -je ? Je veux dire, sans rien demander à personne ? J’ai 15 ans et j’aime un-e jeune de 19, le puis je ? 4 ans de différence … franchement …. Et même pas j’évoquerai le droit à ne pas savoir écrire, quelque âge qu’on ait … non, ça, une association existant depuis 30 ans maintenant défend ce droit là. Et elle s’appelle comment ?

 :-)

PS : Réfléchis encore : un DROIT n’est ni une obligation ni un devoir. Non, non, c’est avoir la possibilité de. Seulement ça. Ce n’est pas parce que j’ai le droit de me mettre nue dans mon jardin que je vais le faire par -20°. Tu vois la nuance ? Alors …. pourquoi les enfants n’auraient pas droit à conduire un avion ? Ah, parce qu’ils ne savent pas … et le pilote, avant de faire ses études pour, il sait ? Ok …. Ah mais il est trop petit, il n’a pas la faculté de … bin, s’il n’a pas la faculté de, il ne réussira pas sa formation, non ? Et donc ? ….

 Voilà, j’ai fini de lire «  les enfants d’abord » écrit par Christiane Rochefort.

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4° de couverture - Ed. Grasset

Il paraît naturel de leur interdire toute vie privée et de leur imposer une façon de sentir. De décider qui ils doivent aimer et qui il ne faut pas voir. De circonscrire leurs déplacements et de pénaliser leurs déviances. De déterminer le moment où ils ont un sexe, et ce qu'ils doivent en faire. Est-ce aussi naturel qu'on dit, ou est-ce l'effet d'un rapport social, imposé par l'adulte parce qu'il a la force et le pouvoir ? S'il en est ainsi, pourquoi et à quelles fins ? Que fait-on aujourd'hui des enfants et à quoi les prépare-t-on ? Qu'est-ce au juste qu'un enfant dans nos sociétés dites libérales ? C'est à ces questions que répond Christiane Rochefort, dans cet essai fiévreux, passionné, aux frontières de l'analyse et du pamphlet, qui se lira comme le prolongement d'Encore heureux qu'on va vers l'été... Après le roman l'analyse : les enfants d'abord parce que c'est eux les premières victimes de l'ordre capitaliste ; parce qu'il faut des adultes dociles et qu'il faut les former au plus tôt ; parce qu'il faut au Pouvoir un relais, qu'il trouve très naturellement dans la famille.

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Commentaires

Jiddu Krishnamurti a dit : 

Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade.

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